La moitié (50 %) de la population adulte du Québec lit régulièrement1 un quotidien en semaine. Pendant une semaine type complète (7 jours)2, ces journaux rejoignent un peu moins des trois quarts (73 %) des Québécois. Les Canadiens sont proportionnellement moins nombreux à s’informer de cette manière que ce soit du lundi au vendredi (42 %) ou sur une semaine complète (66 %).
Tous les indicateurs pointent vers une légère baisse du lectorat au Québec et un fléchissement plus marqué à l’échelle du Canada. La série chronologique est toutefois courte pour conférer un caractère définitif à ces observations3. Les autres changements intervenus entre 2017 et 2020 témoignent d’une grande stabilité. On aurait pu s’attendre à un intérêt plus grand à l’égard de la presse quotidienne, puisque la moitié de l’enquête de 2020 et l’entièreté de celle de 2021 ont été menées pendant la pandémie de COVID-19, une période remplie d’interrogations et d’incertitudes4. Or, ce n’est pas ce que les données démontrent. D’autres facteurs ont sans doute joué en sens inverse : le télétravail et l’enseignement à distance ont fait chuter l’utilisation des transports en commun à Montréal, lieux de prédilection pour la lecture des gratuits ; Métro est d’ailleurs passé de cinq publications par semaine à deux avant d’opter définitivement pour trois parutions papier ; son rival, 24 h, est devenu un magazine hebdomadaire en 2021, avant de se tourner entièrement vers le contenu web deux ans plus tard ; les six quotidiens de la coopérative d’information CN2i ont interrompu les sorties papier en semaine5, avant d’ériger un mur payant pour l’accès à leurs contenus numériques. On note aussi la disparition du HuffPost Québec, actif uniquement en ligne.
La popularité des éditions du week-end permet aux journaux de rejoindre une tranche de 20 à 25 % de la population qui ne les fréquente que pour ces contenus.
1. Proportion de lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine) et portée (7 jours) en % de la population, Québec et Canada, de 2017 à 2021
Les données pour l’ensemble du Québec résultent du cumul des réponses à une enquête tenue dans quatre types de marchés : la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, la RMR de Québec, les autres villes desservies par un quotidien local (marchés régionaux des RMR de Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay, de même que celui de l’agglomération de recensement de Granby) et, enfin, celles qui n’en ont pas. Quelque 49 % de la population québécoise habite dans la RMR de Montréal, 10 % dans celle de Québec, 11 % dans les marchés régionaux et 30 % dans les « autres marchés ». Ces derniers incluent toutes les autres agglomérations de recensement (Victoriaville, Saint-Hyacinthe, Rimouski, Shawinigan, Joliette, Rouyn-Noranda, Sept-Îles, Matane, Alma et bien d’autres encore).
Les résidents des « autres marchés » sont des lecteurs moins assidus de quotidiens. Cela se vérifie pour les cinq années, et tant au regard des lecteurs réguliers que de la portée. On comprend que l’intérêt de consulter un quotidien est moins grand dans les communautés qui ne sont pas directement desservies par ceux-ci. À moins d’un évènement hors de l’ordinaire, ces journaux couvriront peu leur actualité locale. La proportion de lecteurs réguliers ainsi que la portée sont nettement plus élevées à Québec et légèrement plus élevées à Montréal. Cela est sans doute attribuable à la présence de deux quotidiens locaux à Québec et de six à Montréal. Quant à l’écart entre Québec et Montréal, il pourrait découler d’une moins forte identification à la communauté dans le milieu plus populeux et cosmopolite de Montréal.
L’effritement du lectorat constaté à l’échelle du Québec est présent dans tous les marchés.
2. Proportion de lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine) en % de la population, de 2017 à 2021
3. Proportion de lecteurs des quotidiens sur l’ensemble de la semaine (7 jours) en % de la population, de 2017 à 2021
Deux marchés régionaux se démarquent des autres : pour chacune des cinq années, les résidents de Gatineau sont de moins grands lecteurs de ces journaux pendant que ceux de Granby le sont davantage. Ce dernier marché est le plus petit à avoir un quotidien au Québec. On y dénombre 74 000 personnes. Celui de Gatineau est le plus populeux avec 4,6 fois plus d’habitants, soit 339 000. Saguenay et Trois-Rivières en comptent, respectivement, 132 000 et 135 000, alors qu’à Sherbrooke on atteint 188 000. L’intérêt des citoyens pour ce qui se passe dans leur milieu et ce que les médias en racontent est généralement plus élevé dans les localités de taille modeste.
Les marchés de Gatineau, Saguenay et Sherbrooke connaissent une baisse de lectorat. On remarque une certaine constance à Granby et Trois-Rivières. Dans tous les cas, il faudra attendre les résultats d’enquêtes ultérieures pour voir si ces tendances se confirment. En ce qui concerne Sherbrooke, les diminutions sont spécialement importantes en 2020 et 2021 : un total de 11 points de pourcentage en semaine et de 6 points sur 7 jours. Si cela pourrait peut-être s’expliquer par l’interruption des copies papier en semaine de La Tribune, un tel mouvement ne s’observe pas dans les autres marchés couverts par les quotidiens de CN2i.
4. Proportion de lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine) et portée des quotidiens (7 jours) en % de la population, marchés régionaux, de 2017 à 2021
5. Proportion de lecteurs des quotidiens sur l’ensemble de la semaine (7 jours) en % de la population, de 2017 à 2021
Le genre et l’âge ont, chacun, un effet important sur la lecture des quotidiens.
Les hommes sont plus nombreux que les femmes à les utiliser. Au Québec, l’écart est de 10 points de pourcentage en ce qui concerne la fréquentation sur une base régulière (hier) et de 8 points sur l’ensemble de la semaine.
6. Proportion de lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine) et portée (7 jours) en % de la population, selon le genre, Québec et Canada, 2021
Pour ce qui est de l’âge, la figure qui suit montre que les moins de 50 ans se situent en dessous de la moyenne en 2021 : par 12 points de pourcentage pour les 18-24 ans, par 4 points chez les 25-34 ans et au sein des 35-49 ans. Les personnes de 50 à 64 ans affichent la moyenne pendant que les plus âgées la dépassent par 11 points. Les variations d’une année à l’autre pour un groupe sont statistiquement significatives pour deux d’entre eux, les 18-24 et les 50-64 ans, qui délaissent les quotidiens.
7. Proportion de lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine), au Québec, en % de la population selon les groupes d’âge, de 2017 à 2021
L’âge a aussi une incidence, bien que moins prononcée, sur la portée. Les éditions de fin de semaine se fraient un chemin parmi un plus grand nombre des moins de 50 ans que celles de la semaine. Les 18-24 ans se situent tout de même à 8 points de pourcentage en deçà de la moyenne. Au fil des ans, on note d’ailleurs une diminution des lecteurs au sein des 18-24 et des 50 ans et plus.
8. Portée des quotidiens (7 jours) au Québec, en % de la population selon les groupes d’âge, de 2017 à 2021
Les tranches d’âge retenues par les diverses entreprises qui mesurent la consommation des médias et que nous utilisons dans cette analyse n’ont pas toutes la même importance démographique. Non seulement leur étendue est-elle différente de l’une à l’autre (les 18-24 ans regroupent 7 années, les 25-34 ans 10 années, etc.), mais la population ne se répartit pas également le long de la pyramide des âges.
Le graphique qui suit illustre l’envergure relative des groupes employés ici, dans la population québécoise d’une part, et au sein des lecteurs réguliers de quotidiens, puis des lecteurs sur l’ensemble de la semaine, d’autre part. On remarque que les trois classes appartenant aux moins de 50 ans rassemblent 48 % des Québécois, mais seulement 43 % des lecteurs réguliers de ces publications. Inversement, les 65 ans et plus y sont surreprésentés.
Le déséquilibre est moins accentué au regard de la portée globale. Environ 47 % de ces lecteurs ont moins de 50 ans, soit uniquement 1 point en dessous de leur poids dans la population.
9. Répartition procentuelle de la population, des lecteurs réguliers (lu hier en semaine) et des lecteurs sur 7 jours des quotidiens au Québec selon les groupes d’âge, en 2021
Les deux graphiques subséquents brossent le portrait de chacun des titres dont le lectorat est mesuré par Vividata en fonction de l’âge. Le Devoir et la Montreal Gazette comptent la proportion la plus élevée de lecteurs ayant moins de 50 ans (autour de 60 %). C’est 10 points de pourcentage de plus que le Journal de Montréal et La Presse. Dans la Capitale-Nationale, Le Journal de Québec et Le Soleil présentent des structures similaires qui les situent plus près du Devoir et de la Gazette que des deux autres journaux montréalais.
Du côté des régionaux, Le Droit (Gatineau) bénéficie d’un lectorat plus jeune que les autres6. La moitié de ceux qui le consultent ont moins de 50 ans, ce qui ressemble à la situation de plusieurs titres nationaux. La proportion tourne autour de 40 % à La Voix de l’Est (Granby) et à La Tribune (Sherbrooke) et de 30 % au Nouvelliste (Trois-Rivières). Chez ce dernier, près de 40 % des lecteurs ont 65 ans et plus.
10. Répartition procentuelle des lecteurs des principaux quotidiens sur 7 jours au Québec selon les groupes d’âge, en 2021
11. Répartition procentuelle des lecteurs des quotidiens régionaux sur 7 jours au Québec selon les groupes d’âge, en 2021
Comme nous l’avons déjà précisé, les résultats des enquêtes récentes de Vividata ne peuvent être comparés qu’avec beaucoup de prudence à ceux antérieurs à celle de Q4 2016. Nous vous proposons tout de même un coup d’œil sur ce qui s’est passé pour l’ensemble du Canada6 et pour le marché de Montréal pendant la période s’étendant de 2001 à 2013 à partir des analyses de NADbank.
À l’échelle du Canada, le taux de lectorat de ces journaux au sein de la population adulte a diminué de 57 % en 2001 à 48 % en 2013. La baisse de popularité a touché tous les groupes d’âge, mais elle est plus marquée parmi les plus jeunes : ils n’étaient plus que 34 % chez les 18-24 ans à lire régulièrement un quotidien ou à consulter ses déclinaisons numériques en 2013, alors qu’ils étaient 51 % en 2001.
12. Lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine) dans l’ensemble du Canada selon les groupes d’âge en 2001, 2005, 2009 et 2013*
À Montréal, où vivent la moitié des Québécois, 52 % de la population adulte consultait régulièrement un quotidien papier ou ses dérivés numériques en 2013. Ce résultat se compare avantageusement à ceux obtenus depuis le début des années 2000. On ne note pas de tendance baissière généralisée contrairement à ce qui se dégage à l’échelle canadienne7. En fait, la seule ombre au tableau se situait du côté des 18-24 ans, qui n’étaient plus que 38 % à lire de tels journaux, alors qu’ils étaient environ la moitié à le faire dix ans plus tôt. La percée des 24 h et Métro est l’un des facteurs derrière cette bonne performance, tout comme la stratégie de La Presse axée sur la gratuité8.
13. Lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine) à Montréal selon les groupes d’âge en 2001, 2005, 2009 et 2013*
Bien que Vividata ne procède pas selon les mêmes paramètres que ceux de son prédécesseur, les fondamentaux n’ont pas été modifiés : l’échantillon est établi de manière aléatoire, la question « Avez-vous lu ou feuilleté un quotidien hier » est inchangée, et le marché de Montréal correspond toujours au territoire de la Région métropolitaine de recensement. Qui plus est, le nombre de quotidiens locaux n’a pas varié jusqu’en février 2021, quand le 24 h est devenu un magazine – avant de passer uniquement aux contenus web en mars 2023. Nous avons conséquemment regroupé dans un graphique les données des deux dernières années pour lesquelles NADbank était aux commandes avec celles des années 2018, 2019, 2020 et 2021. Le taux de lectorat à Montréal en semaine (hier) tournait autour de 50 % pendant la période s’étendant de 2001 à 2013, par opposition à un peu plus de 55 % en 2018 et 201910. Mais cette moyenne générale est revenue au palier du 50 % en 2020 et 2021. Sur le long terme, la situation de ces journaux ne se serait donc pas détériorée.
Poursuivons la comparaison à propos des groupes d’âge. La popularité des quotidiens en semaine dans le marché de Montréal est en hausse chez les 65 ans et plus par rapport aux niveaux atteints lors des plus récentes enquêtes pilotées par NADbank. Elle est stable pour les 18-24 ans et les 25-34. Du côté des 50-64 ans, la fréquentation en 2020 et 2021 est bien en deçà de celle de la période 2018-2019 ; elle est même inférieure à celle des années 2012 et 2013. On remarque aussi un recul en ce qui concerne les 35-49 ces deux dernières années, une diminution qui situe le groupe en dessous de ses marques de 2012 et 2013. Les sondages de 2020 et 2021 ont été menés alors que les mesures sanitaires imposaient le télétravail pour une bonne partie des travailleurs et que les campus universitaires et collégiaux étaient déserts. Par voie de conséquence, l’achalandage s’est effondré dans les transports en commun. Les enquêtes subséquentes permettront de vérifier si les résultats de ces deux sondages revêtent un caractère d’exception ou sont porteurs d’une tendance.
14. Lecteurs réguliers des quotidiens (lu hier en semaine) à Montréal selon les groupes d’âge en 2012 et 2013 et de 2017 à 2021
Nous pouvons tirer quelques constats de ces données :
- La légère embellie de la moyenne générale observée plus haut en 2018 et 2019 était avant tout attribuable à des gains chez les 50 ans et plus, qui représentent la moitié de la population. Sans la bonne performance des quotidiens au sein des 65 ans et plus, où on retrouve le quart des résidents de la Région métropolitaine de Montréal, le taux de lectorat aurait diminué encore davantage en 2020 et 2021.
- La gratuité d’accès à l’entièreté des articles publiés sur les plateformes numériques des deux plus importants journaux (Le Journal de Montréal et La Presse) de même que la propagation des nouveaux outils de distribution que sont les applications pour tablettes et téléphones intelligents n’ont pas empêché le surplace parmi les moins de 35 ans.
Revenons aux données de 2021, en premier lieu, pour une comparaison des deux principaux marchés canadiens, Toronto et Montréal, où l’offre est plutôt abondante. Montréal est en effet desservi par cinq quotidiens, dont un employant le format papier est distribué gratuitement11, alors que Toronto en compte quatre, tous payants et utilisant encore l’imprimé12. Si l’on considère l’ensemble de la population, la proportion des adultes ayant lu un quotidien hier (du lundi au vendredi) et la portée sur les sept jours de la semaine sont plus élevées à Montréal qu’à Toronto. Une analyse selon les groupes d’âge montre que les titres montréalais sont, dans presque tous les cas13, plus populaires dans leur marché principal que leurs homologues de la Ville-Reine.
15. Lecteurs des quotidiens à Toronto et à Montréal, selon les groupes d’âge en 2021, qui a lu hier en semaine et portée 7 jours
Quelle est la popularité des principaux titres québécois ? Les données du graphique qui suit montrent que Le Journal de Montréal dépasse tous les autres. La Presse arrive juste après. Le Devoir et la Montreal Gazette sont des médias de niche qui, par définition, rejoignent un public plus restreint. Il n’empêche que le premier compte près de 1,5 million de lecteurs sur l’ensemble de la semaine. Quant aux deux publications éditées dans la Capitale-Nationale, Le Journal de Québec en totalise 66 % de plus que Le Soleil.
Parmi les six principaux titres, quatre sont sur une pente ascendante. Le Devoir bénéficie d’une hausse impressionnante de 60 % depuis 2017. La Montreal Gazette connaît une croissance de 32 %. Elle atteint 12 % à La Presse pour la période pendant laquelle nous disposons de données de Vividata14. Enfin, Le Soleil profite d’une augmentation de 23 %. De leur côté, le Journal de Montréal et le Journal de Québec sont au plus bas, même si leur baisse n’est que de 4 % pour le premier et de 3 % pour le second.
16. Comparaison du nombre de lecteurs des principaux quotidiens québécois* sur l’ensemble de la semaine, de 2017 à 2021
Quant aux quotidiens régionaux, tous les titres encaissent des pertes par rapport à leur bonne performance de 2019. Celles-ci atteignent, en 2021, 42 % au Quotidien, 33 % à La Tribune, 25 % au Droit, 12 % au Nouvelliste et 7 % à La Voix de l’Est. Tous ces journaux ont dit adieu au papier pour les éditions du lundi au vendredi au premier trimestre de l’année 2020. Ils ont aussi exigé le paiement d’un abonnement pour l’accès à leurs contenus en ligne en novembre 2020.
Selon des données non reprises ici, le recul affecte tous les groupes d’âge en ce qui concerne Le Droit et La Tribune, alors qu’il est plutôt survenu chez les 50 ans et plus au Nouvelliste.
17. Comparaison du nombre de lecteurs des quotidiens québécois régionaux sur l’ensemble de la semaine de 2018 à 2021
Le numérique
Si, en 2017, l’imprimé était encore le vecteur utilisé par le plus grand nombre des lecteurs réguliers de 18 ans et plus dans le Québec tout entier, ainsi que dans les marchés de Montréal et de Québec, la consommation exclusivement en ligne dépasse maintenant celle reposant uniquement sur le papier : de 34 points de pourcentage dans l’ensemble, de 39 à Montréal et de 37 à Québec. Dans la Capitale-Nationale, le mode historique avait toujours quelques points d’avance en 2019.
18. Répartition des lecteurs réguliers (lu hier en semaine) de quotidiens selon le support utilisé et les principaux marchés en 2017 et 2021
Le numérique a également pris le dessus dans les marchés régionaux15. Le renversement des habitudes s’est produit en 2019 pour Ottawa-Gatineau et Granby, mais seulement en 2020 pour Saguenay, Sherbrooke et Trois-Rivières. L’écart en faveur du tout numérique tourne autour de 35 points dans les RMR d’Ottawa-Gatineau, Saguenay et Trois-Rivières, de 30 points dans le cas de Granby et de 20 points en ce qui concerne Sherbrooke et les autres marchés.
19. Répartition des lecteurs réguliers (lu hier en semaine) de quotidiens selon le support utilisé et les marchés en 2018 et 2021
C’est en 2020 que le numérique a supplanté l’imprimé à l’échelle du Canada et dans le marché de Toronto. Les écarts entre les deux façons de faire en 2021 sont cependant moins marqués qu’au Québec et à Montréal.
20. Répartition des lecteurs réguliers (lu hier en semaine) de quotidiens selon le support utilisé au Québec, au Canada, à Montréal et Toronto en 2018 et 2021
Poursuivons avec les données québécoises. En 2019, les formats papier et numérique avaient autant d’adeptes l’un que l’autre au sein des 50 ans et plus. Aujourd’hui, le nouveau mode d’accès en satisfait nettement plus que l’ancien : 49 % versus 23 %. Chez les plus jeunes, plus de la moitié (56 %) sont des lecteurs strictement « numériques ». Les 18-24 ans comptent une proportion moindre de ces lecteurs que les 25-49 ans. Une frange de 10 % des moins de 50 ans n’utilise encore que le papier, comparativement à 23 % pour leurs aînés.
21. Répartition des lecteurs réguliers (lu hier en semaine) de quotidiens au Québec selon le support utilisé et les groupes d’âge en 2021
Le numérique a séduit de multiples adeptes en quelques années. La proportion des lecteurs réguliers du Québec qui n’utilisent maintenant que l’ordinateur, la tablette ou le téléphone cellulaire a gagné 19 points de pourcentage depuis 2017. Le graphique qui suit montre que l’emploi exclusif des appareils électroniques continue de s’accroître au sein de tous les groupes d’âge. La progression est moins importante pour les 18-24 ans ainsi que les 65 ans et plus.
22. Proportion de lecteurs réguliers (lu hier en semaine) de quotidiens au Québec qui n’utilisent que le numérique selon les groupes d’âge en 2017, 2020 et 2021
Poursuivons la comparaison amorcée plus tôt entre Montréal et Toronto, cette fois au regard de la popularité de la lecture en ligne. Les habitudes d’un bon nombre de Torontois ont grandement changé depuis quatre ans. En 2017, 49 % d’entre eux privilégiaient l’usage exclusif de l’imprimé. Cette proportion a chuté de 25 points de pourcentage, si bien que les éditions numérisées mènent actuellement le bal par 12 points. Le papier dominait parmi toutes les tranches d’âge. Aujourd’hui, le numérique le surpasse de plusieurs points au sein des moins de 65 ans, alors que l’imprimé conserve une avance de 21 points auprès des 65 ans et plus. À Montréal, la nouvelle manière de faire a charmé, proportionnellement, plus d’adeptes qu’à Toronto. En effet, le numérique y devance maintenant le papier par 39 points de pourcentage. En 2017, ce dernier menait par 4 points. Contrairement à Toronto, la façon plus moderne d’accéder au contenu prévaut pour toutes les classes d’âge. Chez les 65 ans et plus, elle est privilégiée par presque 5 lecteurs sur 10. C’est quasiment deux fois plus qu’à Toronto.
23. Répartition des lecteurs réguliers (lu hier en semaine) de quotidiens à Toronto et Montréal selon le support et les groupes d’âge en 2021
SUPPORT |
TORONTO |
MONTRÉAL |
18 ans et plus |
||
Imprimé exclusivement |
24 % |
15 % |
Numérique exclusivement |
36 % |
54 % |
Imprimé et numérique |
40 % |
31 % |
18-24 ans |
||
Imprimé exclusivement |
12 % |
13 % |
Numérique exclusivement |
21 % |
31 % |
Imprimé et numérique |
68 % |
57 % |
25-34 ans |
||
Imprimé exclusivement |
23 % |
2 % |
Numérique exclusivement |
25 % |
60 % |
Imprimé et numérique |
52 % |
38 % |
35-49 ans |
||
Imprimé exclusivement |
13 % |
9 % |
Numérique exclusivement |
50 % |
67 % |
Imprimé et numérique |
37 % |
25 % |
50-64 ans |
||
Imprimé exclusivement |
19 % |
20 % |
Numérique exclusivement |
46 % |
54 % |
Imprimé et numérique |
35 % |
26 % |
65 ans et plus |
||
Imprimé exclusivement |
46 % |
23 % |
Numérique exclusivement |
25 % |
46 % |
Imprimé et numérique |
29 % |
31 % |
Source : Compilation du CEM à partir de Vividata Hiver 2021.
Voyons maintenant ce qui se passe au regard des principaux titres du Québec. La mesure illustrée au graphique qui suit est différente de celle que nous avons utilisée précédemment. Il s’agit cette fois de la portée des éditions numériques (en exclusivité ou en combinaison avec l’imprimé) au cours d’une semaine donnée (7 jours)16. Depuis 2018, tous les lecteurs de La Presse doivent employer le numérique puisque l’entreprise a abandonné le papier. En 2017, seule la publication du samedi bénéficiait d’une telle distribution. Les lecteurs du Soleil et du Devoir sont ensuite les plus nombreux à se servir des moyens électroniques, à hauteur de 83 % pour le premier et de 75 % pour le second. Les proportions oscillent autour de 65 % pour Le Journal de Montréal, The Montreal Gazette et Le Journal de Québec.
Tous ces titres ont progressé à cet égard entre 2017 et 2021. C’est Le Soleil qui réalise les gains les plus importants. Il faut dire que le quotidien n’est plus proposé qu’en ligne du lundi au vendredi. Viennent subséquemment, les deux journaux de Québecor et The Montreal Gazette.
24. Proportion de lecteurs des principaux quotidiens qui consultent les éditions numériques en 2017, 2020 et 2021, ensemble de la semaine
À l’instar du Soleil les publications régionales ont quitté le papier en semaine, si bien qu’environ les trois-quarts des lecteurs de ces journaux17 les fréquentent en numérique.
25. Proportion de lecteurs des quotidiens régionaux qui consultent les éditions numériques en 2017, 2020 et 2021, ensemble de la semaine
Les deux graphiques suivants rendent compte de ces personnes qui ne consomment qu’en ligne. Quatre journaux montrent des proportions de lecteurs exclusivement numériques inférieures à la moyenne québécoise de 52 % : les deux titres de Québecor et la Montreal Gazette par une dizaine de points de pourcentage et La Voix de l’Est par une vingtaine.
26. Proportion de lecteurs des principaux quotidiens qui consultent exclusivement les éditions numériques en 2017, 2020 et 2021, ensemble de la semaine
27. Proportion de lecteurs des quotidiens régionaux qui consultent exclusivement les éditions numériques en 2017, 2020 et 2021, ensemble de la semaine
On peut utiliser un ordinateur, une tablette, un téléphone intelligent ou un autre type d’appareils connectés (montre, téléviseur, etc.) pour accéder aux contenus des journaux. Les deux graphiques qui suivent illustrent la popularité de chacun de ces outils. Le premier compare les usages au Québec versus au Canada ainsi que les usages à Montréal et à Québec versus à Toronto. Le recours à l’ordinateur et au téléphone intelligent s’équivalent partout. Pour sa part, la tablette est moins employée que les deux autres dans tous les milieux, mais la différence est bien plus grande au Canada et à Toronto. L’utilisation d’un autre type d’appareil connecté (montre, téléviseur) recueille moins de 5 % des mentions.
28. Proportion de lecteurs numériques de quotidiens au Québec et au Canada selon le mode d’accès, ensemble de la semaine, 18 ans et +, 2021
Avant toute analyse reposant sur l’âge, il faut rappeler que la possession d’une tablette ou d’un téléphone intelligent varie grandement en fonction de cette variable. Les plus jeunes sont plus nombreux à détenir un téléphone et moins nombreux à avoir une tablette. C’est le contraire chez les plus vieux. Pour consulter un quotidien, les moins de 50 ans privilégient le téléphone intelligent, puis l’ordinateur. Pour les 50-64 ans, tablette et téléphone sont à égalité, après l’ordinateur dont l’avance est mince. Parmi les 65 ans et plus, tablette et ordinateur bénéficient de la même popularité ; le téléphone vient loin derrière.
29. Proportion de lecteurs numériques de quotidiens au Québec selon le mode d’accès et les groupes d’âge en 2021, ensemble de la semaine
Qu’en est-il chez les principaux quotidiens québécois ? Les lecteurs de La Presse présentent un profil bien différent des autres. La tablette y est tout aussi répandue que l’ordinateur et le téléphone intelligent, alors qu’ailleurs elle reçoit bien moins d’intérêt. On ne peut qu’y voir l’attrait de l’application singulière développée pour La Presse +. Son utilisation dépasse par environ 25 points de pourcentage celles des applications des autres journaux montréalais. En contrepartie, l’ordinateur et le téléphone intelligent y comptent un peu moins d’amateurs.
Pour les autres titres, le téléphone est légèrement plus en vogue que l’ordinateur. L’écart le plus important se manifeste au Journal de Québec.
30. Proportion de lecteurs numériques des principaux quotidiens au Québec selon le mode d’accès en 2021, ensemble de la semaine
Du côté des titres régionaux, l’ordre de popularité des appareils varie : les trois sont au coude-à-coude à la Tribune ; le téléphone intelligent est en avance au Quotidien, alors que c’est l’ordinateur qui est favorisé au Nouvelliste et à La Voix de l’Est. Quant au Droit, ordinateur et téléphone y partagent la première place.
31. Proportion de lecteurs numériques des quotidiens régionaux au Québec selon le mode d’accès en 2021, ensemble de la semaine
Environ la moitié des lecteurs numériques n’utilisent qu’un seul des trois appareils, tant en 2020 qu’en 2021. Pour l’ensemble du Québec, leur répartition va comme suit : 19 % optent pour le téléphone, 17 % pour l’ordinateur et 14 % pour la tablette. Similairement à ce que nous avons déjà constaté, le téléphone intelligent s’impose chez les moins de 50 ans pendant que l’ordinateur et la tablette dominent de manière équivalente au sein des 65 ans et plus. Pour ce qui est des 50-64 ans, l’ordinateur devance la tablette, qui, elle-même, surpasse le téléphone.
Mise à jour : mars 2022
Notes
[1] Proportion d’adultes ayant lu ou feuilleté au moins une édition imprimée ou numérique hier, du lundi au vendredi. Nous utilisons les données suivantes de Vividata dont les enquêtes ont eu lieu sur les périodes de 12 mois mentionnées ci-après : Hiver 2022, d’octobre 2020 à septembre 2021 ; Hiver 2021, d’octobre 2019 à septembre 2020 ; Hiver 2020, de juillet à décembre 2018 ainsi que d’avril à septembre 2019 ; Hiver 2019 d’octobre 2017 à septembre 2018 ; Q3 2017 et Q3 2016 qui couvrent les mêmes périodes en 2016-2017 et 2015-2016. 18 ans et plus.↑
[2] Proportion d’adultes ayant lu ou feuilleté au moins un journal en format imprimé ou numérique au cours d’une semaine complète (7 jours). Cet indicateur est connu comme la portée. 18 ans et plus.↑
[3] Les données que nous utilisons sont tirées d’enquêtes menées par Vividata, née de la fusion en 2014 de NADbank et de PMB. La méthode de collecte ayant été substantiellement modifiée en 2019, il faut faire preuve d’une grande prudence au moment de comparer les résultats. Par ailleurs, aucune comparaison ne peut être faite avec les résultats antérieurs à 2017 en raison de changements apportés à la façon de mesurer le lectorat.↑
[4] Les chaînes télévisées d’information ont connu de fortes hausses de leur écoute pendant la période.↑
[5] Soulignons qu’en novembre, donc après la période de l’enquête Hiver 2021, ils ont érigé un mur payant pour l’accès à leurs contenus numériques.↑
[6] Les données du graphique concernant Le Quotidien montrent que la proportion des moins de 50 ans dépasse celles de tous les autres. On note aussi une différence notable par rapport à celles des années antérieures, particulièrement pour les 18-24 ans. Le groupe représenterait le quart du lectorat de ce quotidien en 2021, comparativement à environ 5 % les trois années précédentes. La taille réduite du nombre de répondants pourrait expliquer ce résultat détonnant. C’est pourquoi nous n’en tenons pas compte dans l’analyse. ↑
[7] NADbank ne compilait par de résultats sur la base de la province.↑
[8] Nous verrons plus loin que les Montréalais sont plus nombreux que les Torontois à lire un quotidien.↑
[9] L’application pour tablettes La Presse + a été lancée, en accès libre, en avril 2013.↑
[10] En 2017, selon une donnée non rapportée dans le graphique, le lectorat était également supérieur à 55 %. La population de la RMR de Montréal s’est accrue de 232 000 personnes entre 2013 et 2021 chez les 18 ans et plus.↑
[11] Métro n’a plus que trois éditions papier par semaine, mais publie encore quotidiennement en ligne. Le gratuit 24 h est devenu un magazine hebdomadaire en février 2021, avant de passer uniquement aux contenus web en mars 2023.↑
[12] Le gratuit StarMetro a cessé ses activités en décembre 2019, ce qui est antérieur à la période couverte par le sondage Hiver 2021 dont nous utilisons ici les données.↑
[13] La portée sur l’ensemble de la semaine fait exception pour les 25-34 ans, alors que les deux marchés sont à égalité.↑
[14] L’édition papier du samedi a cessé de paraître en janvier 2018.↑
[15] Contrairement à la figure précédente, il s’agit des années 2018 et 2020 puisque nous n’avons pas les données des marchés régionaux pour 2017.↑
[16] Proportion de lecteurs qui ont consommé au moins une édition numérique pendant la période. L’enquête de Vividata ne questionnait les répondants sur leur lecture en mode numérique d’un titre en particulier que pour l’ensemble d’une semaine donnée et non pour des jours précis jusqu’en 2019.↑
[17] Le Quotidien affiche 68 % en 2021, mais Vividata le créditait de 75 % en 2020.↑