On compte actuellement 32 stations de télévision qui émettent des signaux numériques par voie hertzienne à partir du Québec. Vingt-trois d’entre elles appartiennent à des intérêts privés : les autres sont opérées par les services publics de Radio-Canada et de Télé-Québec ou par des organismes sans but lucratif. Les principales stations diffusent les programmations de Noovo (anciennement V et TQS) ou de TVA du côté francophone, et de CTV, de Global ou de Citytv pour les anglophones. Comme elles offrent une programmation variée (information, dramatiques, émissions pour enfants, variétés, magazines divers…), elles sont considérées comme faisant de la télévision généraliste. À Montréal, les gens peuvent aussi capter la chaîne ICI (International Channel/Canal International), qui diffuse une programmation à saveur multiculturelle, ainsi que Savoir.tv (anciennement Canal Savoir), télévision éducative qui bénéficie d’un financement du gouvernement du Québec dont Télé-Québec est le principal partenaire.
Il existe également des canaux qui œuvrent dans des créneaux bien précis : le sport, l’information, les émissions pour enfants, l’histoire, la musique, etc. Ce sont les canaux spécialisés. Pour les regarder, il faut être abonné à un service de câblodistribution, à un service de radiodiffusion directe par satellite ou à des services utilisant le protocole Internet (IPTV). Le nombre de ces canaux de langue française est passé de cinq en 1991 à 39 actuellement, notamment en raison de l’éclosion des services de distribution numérique, qui permettent de distribuer un plus grand nombre de canaux. De ce fait, environ 400 chaînes spécialisées canadiennes d’autres langues que le français peuvent être syntonisées dans la province. Le secteur télévisuel canadien étant largement affecté par une baisse de ses revenus publicitaires et par le délaissement des abonnements aux services de télédistribution, l’identité et le nombre de chaînes accessibles fluctuent rapidement. Du côté francophone, on peut penser notamment à la restructuration majeure entreprise par Québecor depuis 2023 qui a mené à la transformation de deux chaînes spécialisées : Yoopa est devenue Qub radio, une station d’affaires publiques, et Moi et Cie a été remplacée par Témoin, une chaîne portant sur la justice et la criminalité.
Les abonnés à l’un ou l’autre des systèmes de distribution peuvent aussi écouter des émissions à la carte, proposées notamment par Indigo et Bell sur demande (facturation selon la consommation). Certains distributeurs offrent également, depuis l’automne 2002, des services de vidéo sur demande pour les abonnés à leurs services numériques lorsque la technologie le permet. D’autres services comme ICI TOU.TV EXTRA (Radio-Canada), illico+ (Vidéotron) et Netflix proposent des émissions et des films accessibles par Internet et sans contraintes horaires. Jusqu’à tout récemment, ces services en ligne ne faisaient l’objet d’aucune régulation du CRTC, mais depuis septembre 2024, les plateformes étrangères de diffusion en continu en ligne doivent verser 5 % de leurs revenus dans le secteur audiovisuel canadien si elles enregistrent des revenus annuels supérieurs à 25 millions de dollars au Canada et qu’elles ne sont pas affiliées à un radiodiffuseur local.
Finalement, on retrouve à petite échelle la télévision communautaire et la télévision communautaire autonome. Les chaînes ou les réseaux de chaînes communautaires appartiennent à des entreprises de distribution de radiodiffusion (EDR) oeuvrant au Québec. Le CRTC stipule que les EDR doivent consacrer une partie de leurs dépenses à la production de contenu local ou communautaire afin d’obtenir ou de conserver leurs licences1. On dénombre près d’une dizaine de chaînes ou de réseaux de chaînes communautaires dont les plus connus sont le réseau MAtv, opéré par Vidéotron (Québecor) et le réseau NousTV, détenu par Cogeco Connexion (Cogeco). Les télévisions communautaires autonomes, quant à elles, sont des organismes à but non lucratif ou des coopératives dirigés par un conseil d’administration. Elles diffusent leur programmation par l’entremise du canal communautaire présent dans leur région (MAtv, NousTV, etc.) et sur le web. Au total, une quarantaine de télévisions communautaires autonomes sont réparties sur le territoire québécois.
Outre ces services canadiens, le CRTC autorise les entreprises de distribution de radiodiffusion tels Bell Satellite, Vidéotron et Cogeco à offrir à leurs abonnés quelque 342 services non canadiens de télévision : 129 de langue anglaise, 33 de langue française, 32 de langue espagnole et 148 dans d’autres langues ou sans paroles. Un peu plus du quart d’entre eux provient des États-Unis, la très grande majorité venant d’ailleurs dans le monde. Pour recevoir l’assentiment de l’organisme de réglementation, la chaîne doit remplir deux conditions :
- être parrainée par une entreprise de distribution qui aura préalablement perçu un intérêt de foyers localisés sur son territoire ;
- ne pas entrer en concurrence avec un service spécialisé ou payant canadien, si sa programmation est en français ou en anglais.
Toutefois, le CRTC se donne le droit de retirer son autorisation à la distribution d’un service s’il n’est plus conforme aux règlements de radiodiffusion du Conseil et ne sert plus l’intérêt public. Cela s’est d’ailleurs produit dans un passé récent. Le 2 mars 2022, moins d’une semaine après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le CRTC a reçu une demande lui réclamant de tenir une audience pour déterminer si les chaînes russes RT (anciennement Russia Today) et RT France devraient être retirées de la liste des services de programmation non canadiens approuvés pour distribution. Au terme de ces consultations, il a été jugé que ces services ne servaient plus l’intérêt public, car ils exposent le peuple ukrainien à des propos haineux en raison de son origine ethnique ou nationale. Par conséquent, le Conseil a interdit la distribution de RT et de RT France par les EDR canadiennes le 16 mars 20222.
Mise à jour : octobre 2024
Notes
[1] Voir la politique réglementaire de radiodiffusion du CRTC pour plus d’information. ↑
[2] Décision de radiodiffusion CRTC 2022-68, 16 mars 2022. ↑