Presse quotidienne

L’offre de quotidiens imprimés ne cesse de diminuer depuis une dizaine d’années au Québec : certains ont fermé ou changé de vocation, d’autres ont diminué le rythme de leurs publications papier tout en offrant leurs contenus en ligne devenant, dans certains cas, des médias entièrement numériques.

Depuis le début des années 2000, deux quotidiens papier étaient distribués gratuitement du lundi au vendredi dans le métro de Montréal : 24 heures (propriété de Québecor) et Métro (propriété de Métro Média). En février 2021, le 24 heures change de vocation en devenant un magazine et réduit ses éditions imprimées à une par semaine avant de commencer à publier ses contenus uniquement sur le web deux ans plus tard, en mars 2023. L’autre quotidien gratuit, Métro, suit le pas, réduisant d’abord ses éditions papier à deux numéros par semaine en septembre 2021, puis à un seul par semaine à partir de juin 2022. Métro met fin à ses activités en août 2023, et l’entreprise Métro Média annonce sa mise en faillite en septembre de la même année.

Cinq quotidiens publient toujours des éditions imprimées, toutes payantes : The Montreal Gazette, Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec, Le Devoir et The Record. Ces quotidiens offrent aussi des éditions électroniques et sont présents, à divers degrés, sur les différents supports numériques. Plusieurs doivent néanmoins réduire leur nombre de parutions par semaine. C’est le cas du Montreal Gazette qui met fin à son édition imprimée du dimanche en juillet 2010, puis à celle du lundi en octobre 2022. En janvier 2023, c’est au tour de Québecor d’arrêter l’édition papier du dimanche du Journal de Montréal et du Journal de Québec. Le même mois, l’entreprise annonce la fermeture de ses presses à Québec; Le Journal de Québec est désormais imprimé à Mirabel, à l’instar du Journal de Montréal. Cela l’oblige du même coup à devancer son heure de tombée.

Devant la baisse de popularité de l’imprimé et, surtout, ses coûts élevés, sept quotidiens ont opté pour la fin définitive du papier. La Presse a été un précurseur en la matière en devenant en janvier 2018 le premier quotidien entièrement numérique dans la province¹. Le journal avait d’ailleurs graduellement diminué le rythme de ses publications papier à travers les années. Il cesse la parution de son édition du dimanche en juin 2009, publie son dernier numéro en semaine en décembre 2015, pour finalement abandonner son édition du samedi en décembre 2017. Quant aux six quotidiens de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i), le virage 100 % numérique débute sous leur ancien propriétaire, Groupe Capitales Médias. D’abord, le groupe cesse de publier en avril 2017 Le Progrès-Dimanche, un hebdomadaire saguenéen qui servait aussi en quelque sorte d’édition dominicale au journal Le Quotidien. Une partie des contenus est alors intégrée à l’édition du Quotidien du samedi, qui prend pour nom Le Progrès. Le Soleil de Québec interrompt ensuite son édition papier du dimanche, et Groupe Capitales Médias lance au même moment une édition numérique dominicale commune aux six quotidiens en mars 2018². La chute sévère des revenus publicitaires et les hausses de coûts, exacerbées par les défis logistiques en contexte de pandémie de COVID-19, accélèrent le virage numérique des six quotidiens, devenus des coopératives en décembre 2019. Ils suspendent, dans un premier temps, leurs publications papier du lundi au vendredi, puis les abandonnent en juin 2020. Seule l’édition imprimée du samedi demeure. Les six quotidiens de CN2i livrent leur dernière publication papier en décembre 2023.

1. Les quotidiens du Québec répartis selon leur périodicité papier, leur tirage, leur lectorat et leur propriétaire

Source : Données issues de Comscore, visiteurs uniques, moyenne mensuelle 2023 (lectorat de La Presse), de Vividata, Hiver 2024 (lectorat des autres quotidiens), de Dow Jones Factiva (tirage du Montreal Gazette, consulté le 17 janvier 2025) et de déclarations des éditeurs publiées en 2024 dans CARDonline (tirage des autres quotidiens). Voir les notes de bas de page pour plus de précisions.

Les 12 quotidiens de la province sont offerts en version numérique sur différents supports dans le but de rejoindre un plus vaste lectorat. Chaque quotidien dispose désormais d’un site web, d’applications pour tablettes et d’applications pour téléphones intelligents qui proposent une expérience distincte aux lecteurs. Les plateformes numériques de ces journaux continuent de publier tous les jours. Certaines fournissent une édition numérique du journal imprimé alors que d’autres proposent une lecture plus immersive en ajoutant des graphiques interactifs, des vidéos, des galeries de photos, etc. La majorité des quotidiens offrent également l’inscription à des infolettres personnalisées ou centrées sur des sujets précis (la santé, l’environnement, la politique américaine, etc.). Tous les quotidiens à l’exception de La Presse et des titres de Québecor⁷ ont instauré un mur payant (nombre limité d’articles gratuits par mois) ou inséré des articles fragmentés sur leur site internet. Les utilisateurs doivent souscrire un abonnement pour continuer leur lecture. L’abonnement est également nécessaire pour accéder à certains contenus des applications. La Presse est le seul quotidien totalement gratuit de la province⁸.

Les différents quotidiens sont présents sur les médias sociaux, désormais des espaces incontournables pour lire, commenter ou partager de l’information. Le contenu déposé sur ces plateformes y est adapté en fonction du format mis de l’avant (images, courtes vidéos, textes restreints à un nombre de caractères précis, etc.) ou des outils créés à l’intention des journalistes. Cependant, cette quête d’une plus grande visibilité n’est pas sans heurts. Depuis août 2023, les nouvelles diffusées par les médias d’information au Canada ne sont plus accessibles sur Facebook et Instagram. En effet, la société mère, Meta, a décidé de les bloquer en guise de représailles contre l’adoption par le gouvernement fédéral de la Loi sur les nouvelles en ligne (loi C-18), qui demande aux géants du web remplissant certains critères (Google et certaines plateformes de Meta pour l’instant) de rétribuer les médias d’information pour l’utilisation qu’ils font de leurs contenus. 

La presse quotidienne subit aussi la concurrence de différents sites, portails et agrégateurs de nouvelles, souvent associés à des acteurs de l’audiovisuel (ICI Radio-Canada, FM93, etc.) ou de la presse hebdomadaire. Internet brouille d’ailleurs les distinctions entre les différents intervenants du monde médiatique, puisque des entreprises du domaine de la presse écrite y produisent des vidéos, des acteurs du milieu de la télédiffusion et de la radio y publient des textes de nouvelles, des portails d’hebdomadaires sont mis à jour quotidiennement, etc.

Mise à jour : janvier 2025

Notes

[1] Certains sites d’information publiaient toutefois déjà des contenus d’actualité quotidiennement en ligne. C’est le cas, par exemple, du HuffPost Québec, actif de 2012 à 2021. ↑

[2] Le Soleil était le seul des six quotidiens du Groupe Capitales Médias à publier une édition du dimanche. ↑

[3] Déclaration de l’éditeur du 24 juillet 2024, CARDonline. ↑

[4] Déclaration de l’éditeur du 9 août 2024, CARDonline. ↑

[5] Déclaration de l’éditeur du 13 novembre 2024, CARDonline. ↑

[6] Déclaration de l’éditeur du 9 août 2024, CARDonline. ↑

[7] Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec ont installé un mur payant sur leur site web respectif en septembre 2012, mais ils ont mis fin à cette initiative en décembre 2015. ↑

[8] Les lecteurs doivent d’abord créer un compte afin d’avoir un accès illimité à l’ensemble des contenus du journal. ↑